LES ORIGINES D’UN CONFLIT
Peu avant 7 heures le 28 juin 1914, François Ferdinand, héritier du trône d’Autriche Hongrie et son épouse Sophie, sont assassinés par Gavrilo Princip, étudiant bosniaque à Sarajevo. Ce ne fut pas l’œuvre de terroristes professionnels.
Cet étudiant, comme ses complices étaient de jeunes idéalistes inspirés par les nombreux mouvements anti-Autrichiens serbes. De plus, la presse serbe fit l‘éloge des assassins. C’est pourquoi, l’Autriche-Hongrie mit en cause la responsabilité indirecte du gouvernement serbe dans cet attentat.
I. Les origines du conflit
On peut comprendre que le monde a été entraîné dans la guerre par un « simple » assassinat qu’en voyant la situation géopolitique en 1914. Depuis 40 ans, les grandes puissances se tournaient vers le développement militaire, comme si un conflit devait en entraîner un autre. Après la défaite de 1870, et surtout l’humiliation de la défaite, la France créa de nouvelles armes et de nouvelles institutions visant à moderniser son armée.
Ces réformes militaires sont secondées par la recherche d’alliés. En août 1891, les gouvernements français et russes s’engageaient à se consulter si la paix était menacée et en 1893, ils signèrent une convention militaire.
Mais un tel rapprochement était impossible avec la Grande-Bretagne, du moins pour le moment, du fait des rivalités et de la guerre des Boers. Il faudra attendre 1903 pour que les relations s’améliorent.
On pensa alors à un plan envisageant l’entrée en guerre des britanniques au cotés des français au nord du pays. De ce fait, la Grande Bretagne changea sa stratégie militaire. Au lieu de ne privilégier que sa marine, elle mit en place une armée terrestre dans le but de l’engager au nord de la France en cas de conflit avec l’Allemagne.
Les conséquences de la guerre de 1870 furent diverses, tout d’abord, l’amputation de la France de certains territoires, puis la fondation du IIe Reich par Guillaume Ier.
Pour les allemands ce sera une guerre préventive et ensuite un élément primordial de leur Weltpolitik. Ils refondirent leur marine et cherchèrent à accroître leurs territoires d’outre mer.
En janvier 1909, Moltke, chef de l’état major allemand, confia à Conrad von Hötzendorf : « le jour où les Russes mobilisent, les Allemands mobiliseront aussi ».
Pour Conrad, l’Italie est un ennemi potentiel, malgré la triple alliance de 1882.
Le 23 juillet, Leopold von Berchtold, ministre autrichien des affaires étrangères, donna un ultimatum à Belgrade. Les serbes refusèrent, bien qu’ils acceptaient de faire des concessions, et le 28 juillet, l’empire d’Autriche déclara la guerre à la Serbie.
Le Russes mobilisèrent alors et les allemands envoyèrent tout de suite un ultimatum à Saint Petersbourg, demandant la neutralité de la France. Mais l’Allemagne déclara la guerre à la Russie le 1er août et à la France le 3 août.
Les anglais furent longs à réagir, car contre la guerre, mais l’agression allemande contre la Belgique déclencha tout. Le 4 août, l’Angleterre déclara la guerre à l’Allemagne.
Ensuite, les alliés déclarèrent la guerre à la Turquie. L’Italie entra en guerre en mai 1915 contre l’Autriche, puis 14 mois plus tard avec l’Allemagne.
Le conflit était devenu mondial…
II. Des millions de soldats
Le développement du chemin de fer eut de nombreuses conséquences militaires. Par exemple, l’Allemagne peut envoyer 650 trains vers Cologne. E 1910 elle dispose de 250 trains par jour et de 360 en 1914. La Russie de son coté ne peut en envoyer que 200 par jour. De ce fait, certain pays peuvent rapidement mobiliser de nombreuses troupes.
Norman Stone écrivit : « Le chemin de fer fut l’une des grandes innovations de la civilisation du XIXe siècle et le principal artisan de sa destruction ».
Mais la guerre est aussi fonction des ressources humaines. Les armées régulières, sauf en Angleterre où l’armée régulière n’existait pas, étaient constituées de conscrits.
Ainsi, en Allemagne, tout homme apte au service militaire était intégré à la Landsturm à 17 ans et à l’armée régulière à 20 ans pour deux ans. Les 5 années suivantes, il est réserviste. Les réservistes doivent tous les ans faire un entraînement annuel de deux semaines en septembre.
De 27 à 39 ans, un allemand dépendait de la Landwehr et de 39 à 45 de la Landsturm.
Le pays était de plus divisé en secteurs militaires.
Grâce à cette formidable organisation, l’armée passe de 700000 à 3840000 en six jours.
Un système équivalent existait en France permettant de mettre 4000000 d’hommes à la frontière.
Au début de la guerre on a les chiffres suivants, les armées régulières uniquement :
France : 800000 hommes
Angleterre : 254000 hommes
Belgique : 117000 hommes
Russie : 1300000 hommes
Serbie : 190000 hommes
Allemagne : 860000 hommes
Autriche-Hongrie : 1300000 hommes
Nombre de mobilisés en tout :
France : 7800000 hommes
Empire français : 394000
Angleterre : 5704416 hommes
Empire britannique : 2950000
Belgique : 380000
Russie : 19000000
Serbie : 450000
Portugal : 60000
Italie : 5615000
Grèce : 200000
Roumanie : 1000000
Japon 1500000
Turquie : 2850000
Allemagne : 13250000
Autriche-Hongrie : 9000000
Bulgarie : 950000
Etats-Unis : 3800000
Forces maritimes en 1914 :
France :
4 cuirassés d’escadre, 21 cuirassés, 25 croiseurs cuirassés, 3 croiseurs légers, 81 torpilleurs, 67 sous-marins
Grande Bretagne :
22 cuirassés d’escadre, 40 cuirassés, 9 croiseurs de combat, 48 croiseurs cuirassés, 71 croiseurs légers, 225 torpilleurs et 75 sous-marins
Allemagne :
16 cuirassés d’escadre, 30 cuirassés, 6 croiseurs de combat, 15 croiseurs cuirassés, 33 croiseurs légers, 152 torpilleurs et 30 sous-marins.