LA FIN DE LA GUERRE

L’année 1918

 

Fin 1917, les allemands mettent au point leur futur plan d’action, en ignorant l’entrée en guerre des USA et l’échec des U-Bootes. Mais d’un autre côté, les alliés sont épuisés à Ypres ou Cambrai, et les français ne pourront plus mener d’offensive avant l’été. Les américains ne sont pas encore présents en nombre suffisant et les divisions du front de l’est peuvent être transférées à l’ouest. De plus, les allemands peuvent encore enlever à l’industrie 100000 hommes.

La supériorité allemande est alors de 192 divisions contre 169.

 

I.                    Les plans

 

Une solutions trouvées par  les allemands consiste en abandonner certaines de leurs conquêtes pour former une puissante ligne de défenses. Beaucoup doutent des capacités de leur pays à reprendre l’offensive.

Pour l’offensive, on écarte d’emblée les 250 kilomètres de montagnes du sud, comme le centre, où il n’y a pas d’objectifs importants pour l’instant.

Mais la zone d’Ypres est intéressante car commande de nombreux nœuds ferroviaires et les britanniques sont une proie de choix. De plus, il faudra un terrain sec et la zone de St-Quentin et d’Arras séchera plus tôt. Enfin, une offensive réussie dans ce secteur pourrait permettre d’enfoncer tout le front anglais.

Dans cette zone, Ludendorff concentra 750000 hommes contre 300000 anglais. De plus, son armée sera appuyée par 6600 canons !!!

L’armée sera divisée en trois groupes, troupes d’assaut, troupes d’attaque et formations de soutien.

Les premières, très entraînés, doivent pénétrer les défenses et contourner les zones de résistance sans attendre. Ces zones seront ensuite prises par les autres unités.

La concentration en canons permettra une préparation brève mais efficace et préserve ainsi l’effet de surprise. Les canons doivent d’abord détruire l’arrière des hommes puis les hommes eux mêmes, juste avant l’assaut.

Cette stratégie innove. En effet, si l’action simultanée de l’infanterie et de l’artillerie  permet la destruction du front, elle permet aussi de relancer la guerre de mouvement en rase campagne.

Mais l’artillerie ne pourrait suivre, ce qui pose un problème.

Les troupes d’assaut devront exploiter leur percée seuls, ce qui est archaïque et devenu impossible. Ludendorff doit alors admettre des pertes importantes pour accéder à la victoire !!

 

 

 

II.                 Brest Litovsk et ses conséquences

 

A l’est, malgré l’importance de l’ouest, il reste des troupes. En effet, il reste 1 million d’hommes, soit 50 divisions pour tenir la ligne de défense et peut être attaquer. Ludendorff s’occupe aussi de la politique étrangère du pays. Les allemands veulent soumettre la Russie d’Europe et diriger les états qui émergeront à la place. Les bolcheviks rompent alors la trêve, les allemands contre-attaquent et le 3 mars est signée la paix de Brest-Litovsk. D’après ce traité, les russes perdront la Finlande, la Pologne, la Courlande, l’Ukraine et la Livonie qui seront mis sous tutelle allemande. La Russie perd alors 90% de ses réserves en charbon, 50% de son industrie et 30% de sa population.

Les 50 divisions doivent  rester pour assurer la paix.

Le 10 mars, le régime fantoche allemand en Ukraine tombe et Ludendorff ordonne l’occupation de cette région  et en une semaine, ses troupes occupent Kiev et Kharkov. En avril, Rostov sur le Don. Mais bientôt, l’instabilité générale conduira les allemands sur Bakou et les champs de pétrole du Caucase. Fin juillet, pour Ludendorff, le pétrole de Bakou est « une question vitale ». Le 18, dix jours après la « journée la plus noire à l’ouest », il ordonne d’expulser les britanniques de Bakou aidés par les russes. En effet, Lénine recevra une partie du pétrole en échange de sa participation. Fin septembre, des experts vont étudier  l’exploitation du pétrole. Deux jours plus tard, Ludendorff annoncera à l’empereur que la guerre est perdue…  

Ainsi, 1 million d’hommes stationnaient à l’est, dans une région qui ne pouvait plus opposer de résistance. 500000 hommes auraient pu être transférés à l’ouest si Ludendorff n’avait pas eu cette attitude envers l’est.

 

III.               Victoire allemande à l’ouest

 

L’offensive Ludendorff débute le 21 mars en attaquant la 5e armée britannique, relativement faible, et sur la 3e armée, plus forte, entre Saint-Quentin et Arras. La supériorité allemande est telle qu’ils progressent de 65 kilomètres sur un front de 90 kilomètres, première au cours de la guerre de position. Ils s’approchent d’Amiens et de son nœud ferroviaire. C’est la preuve de l’efficacité des troupes d’assaut. Mais l’artillerie ne suit pas et les pertes sont lourdes.

Vite les fantassins  de cette opération Michael sont livrés à eux mêmes et les renforts alliés arrêtent l’offensive.

Puisqu’il ne peut plus progresser en Picardie, Ludendorff attaque au nord où le terrain a séché. Le 9 avril, il attaque sur Ypres, contre deux divisions portugaises mais le front se stabilise à nouveau. C’est l’opération Georgette.

Le 26 mars, les chefs français et anglais se réunissent à Doullens. Philippe Pétain est remplacé par Foch qui reçoit le titre de commandant en chef des armées alliées sur le front occidental. Les alliés sont donc unis.

Maintenant, Ludendorff décide d’attaquer les français, dont les renforts ont sauvé les anglais en mars et avril. Il décide donc d’attaquer le Chemin des Dames. Il  préfère ce point à la Somme ou les Flandres. De plus, les seules zones restantes du secteur britannique qu’il pourrait attaquer sont Lens-Loos ou Vimy, très défendu.

Le 27 mai, il lance l’opération Blücher-Yorck, avec 3500 canons. La défense française est mauvaise, en effet, le général Duchêne masse ses troupes en avant, ce qui leur vaut d’être détruites par les canons allemands.  De plus, dans un des secteurs, ils ne rencontrent que 8 divisions britanniques épuisées qui avaient été envoyés là après l’offensive de mars. En trois jours, les allemands font un bond de 65 kilomètres. Le jour suivant, ils sont sur la Marne à portée de Paris. L’occasion est trop belle, il envoie des renforts. Mais les français résistent et lui font des pertes. Il s’obstine, envoie des renforts. Heureusement, les renforts américains rétablissent l’équilibre des forces. Enfin, le fait qu’il agit vite prive ses armées des minutieux préparatifs qui ont marqué les autres offensives.

Ainsi, les opérations au nord du chemin des Dames et sur la Marne  sont des échecs cuisants. Mais Ludendorff est satisfait car toutes les réserves françaises sont engagées. Il prépare alors une nouvelle offensive dans le secteur britannique.

 

Le résultat est assez surprenant, Ludendorff a gagné en 5 mois plus de terrains que les alliés en 3 ans. Mais ces zones n’ont qu’une importance secondaire. De plus, les allemands perdent 1 million d’hommes, contre 900000 alliés. Enfin les lignes allemandes sont très étirées, trop étirées. Ainsi, l’effort de Ludendorff n’aura servi qu’à placer son armée dans des saillants difficilement défendables.

Le dernier acte est arrivé …

 

IV.              La fin à l’ouest

 

Les allemands ont perdu beaucoup d’hommes, alors que les alliés recevront les renforts des USA. De plus, les troupes d’assaut sont inefficaces à empêcher le creusement de nouvelles lignes défensives.

La contre offensive de la Marne débute le 18 juillet. Les 10e et 6e armées françaises sont accompagnées de 750 chars et attaquent le flanc des armées allemandes. Ces derniers, à 1 contre 3, ordonnent la retraite. Le 7 août, ils sont à nouveau sur l’Aisne.  

L’opération allemande dans les Flandres est annulée.

Mais vite, l’offensive française  est arrêtée, comme pour les allemands. C’est au tour des britanniques d’agir.

Ces derniers ont perdu au début de l’année 1000 canons lourds, beaucoup de mitrailleuses et d’armes lourdes. De plus, les divisions sont décimées. Mais l’arrière est là. En juillet, les pertes en armes sont comblées à tel point qu’ils ont encore plus de canons qu’avant. Il y a en plus de nouvelles armes, les fusils mitrailleurs Lewis, des mortiers de tranchée ou des obus asphyxiants ou fumigènes en plus des obus percutants.

Ainsi, des divisions moins nombreuses sont mieux équipées. Et à la fin de la guerre, tout est question de la puissance de feu…

Les allemands n’ont pas d’équivalents. Par rapport à 1913, la production industrielle a baissé d’un tiers. De plus, le blocus les prive du coton, des nitrates ( pour les munitions). Les allemands en réaction, font des erreurs : on fabrique de nouvelles fabriques d’obus avec l’acier qui aurait permis de faire des obus. Le réseau ferré, très négligé, commence à faiblir et l’approvisionnement des usines est problématique. Enfin, la mauvaise utilisation des denrées alimentaires fera que l’arrière mourra de faim, ce qui fera diminuer la production encore plus, entraînera une réduction des salaires et des grèves.

Après les offensives, les allemands ont aussi réduit les effectifs de leurs divisions.

 

Les alliés ont donc un avantage certain. Le 8 août, à Amiens, ils feront 27000 victimes et prendront 400 canons contre 9000 hommes.

Ils utilisent d’ailleurs des engins acoustiques, qui évitent les essais de tirs, trahissant les offensives. De ce fait, les alliés profitent de l’effet de surprise. De plus, les canons sont vite détruits, ce qui permet l’avancée des chars.

Ensuite, les tirs rasants obligent les mitrailleurs à se baisser, tandis que l’infanterie entoure les zones de résistance.  Les chars enfin, des modèles V, les plus fiables, mettent l’ennemi en fuite.

Généralement, les allemands n’ont plus le moral. Mais la ligne Hindenburg paraît imprenable. C’est un réseau défensif très complexe de tranchées et de barbelés.

Mais l’offensive s’essouffle. C’est alors que le général Arthur Currie, chef des canadiens,  refuse le bain de sang en essayant d’amplifier un succès limité. Foch lui demande de passer outre, mais Haig change d’avis et informe Foch qu’il attaquera sur d’autres secteurs et que si Foch refuse, il en appellera à son gouvernement. Finalement Foch accepte.

 

La bataille d’Amiens se termine le 12 août et les opérations suivent le schéma précédent. Armée après armée les anglais attaquent sur différents points du front, de façon à ce que les allemands ne peuvent envoyer leurs renforts sur un point bien déterminé.

Début septembre, le front progresse partout et les alliés arrivent sur la ligne de défense allemande.

Entre le 26 et le 29 septembre, les 50 divisions anglaises, avec les Belges, les français et les américains attaquent les allemands sur tout le font occidental.

Les américains qui ont eu des rôles mineurs vont participer à la bataille de la Meuse et de l’Argonne, engageant 15 divisions.

Mais les allemands se voient opposer  des américains sans expérience et ces derniers ne progressant que de 25 kilomètres. Heureusement, l’attaque franco-américaine a mis hors combat 36 divisions au sud. Le 27 septembre,  2 armées françaises, 5 armées britanniques, une armée Belge et 2 divisions américaines attaquent la ligne Hindenburg. Cette dernière est profonde de 5 kilomètres par endroits, avec des abris bétonnés pour mitrailleuses. Il faut l’enfoncer pour pouvoir la tourner. On décide d’attaquer le secteur clé entre Epehy et Saint-Quentin.  Le canal Saint Quentin est un obstacle pour l’infanterie et les chars.

Il n’est pas envisageable d’utiliser l’effet de surprise, au contraire, il faut un long préparatif d’artillerie. Mais les anglais sont entrés en possession d’un plan d’un des secteurs de la ligne.

Le 29 septembre, les contre batterie fonctionnent et l’artillerie allemande est réduite au silence.

Les chars devront attaquer par un tunnel sur le canal. Mais ils se heurtent à de puissantes défenses et piétinent. Heureusement une division britannique, plus au sud, ouvre une brèche de 5 kilomètres dans la ligne, après une préparation d’artillerie et attaquent par le flanc, ce qui permet de débloquer l’autre attaque.

La préparation est intense, on déverse 126 obus pour 500 mètres de tranchées par minute, soit 50000 obus par 500 mètres de front. Après cette démonstration de force, les défenseurs sont impuissants à empêcher la traversée du canal.

Le 5 octobre, la ligne est traversée et les alliés arrivent en rase campagne. Maintenant, les britanniques sont en mesure de réduire n’importe quel dispositif avec peu de pertes. Mais tout repose sur l’artillerie et les chars.

L’avance se poursuit jusqu’au 11 novembre, tandis que les allemands sont vaincus sur toute la longueur du front.

Le 28 septembre, Ludendorff a compris qu’il a perdu et fera bientôt sa démission.

Dans la nuit du 7 au 8 novembre, une délégation passe les lignes françaises pour engager les pourparlers. Le 11 novembre à 11 heures, la guerre prend fin à l’ouest.

 

V.                 Les derniers combats

 

La fin de l’Allemagne a précipité la fin de ses autres alliés. En juin, les Austro-Hongrois échouent sur la Piave. Les italiens contre attaquent face à une armée qui manque de moyens de transport et de ravitaillement. 200000 hommes désertent dans les trois mois qui suivent la bataille, 400000 jusqu’à septembre.

Les « nationalités » se tournent vers d’autres objectifs. Les Bosniaques, Tchèques, Croates et Hongrois retournent chez eux et le 24 octobre, les italiens ne rencontrent que le reste d’une armée. Les Hongrois rappellent leur armée, un Etat Tchécoslovaque est proclamé à Prague, tandis que la Slovénie et la  Croatie ont quitté l’empire.

L’Autriche, seule, demande la paix. Elle ne sera acceptée que quand les italiens remportent une victoire stratégique. Le 4 novembre, c’est la reddition de l’Autriche.

Le 14 septembre, une attaque alliée provoque l’effondrement de la Bulgarie. A la fin du mois, les alliés se déploient sur le Danube. La fin de l’Allemagne a conduit la fin des petits Etats annexes. Ainsi, tous les fronts ont été liés à la guerre en France.